Depuis que les chercheurs ont conceptualisé la différence entre la paix négative et positive, une grande attention scientifique et politique a été accordée aux transformations des conflits dans les sociétés divisées. Un regard sur les affaires politiques contemporaines montre que nous avons encore un long chemin à parcourir pour comprendre les complexités des conflits et de la fragilité. La dynamique des conflits suit rarement des modèles uniformes ou des trajectoires prévisibles. En fait, la fragilité concerne les espaces au-delà des nations classiques et affecte tous les niveaux des sociétés. Par conséquent, il est utile de jeter un regard attentif et contextualisé sur l’économie politique des conflits, y compris la composition des pouvoirs, des intérêts et des griefs de la société dans les sociétés divisées. Les facteurs pertinents comprennent les changements dans les normes et les croyances liées aux conflits au sein de la société, les perceptions des différents groupes, les mécanismes d’escalade et de désescalade, ainsi que les mécanismes institutionnels d’atténuation des conflits.
Une simplification excessive ou une négligence de cet ancrage contextuel donnera probablement lieu à des conclusions peu fiables ou à des conseils politiques préjudiciables. Les conflits peuvent se propager des points chauds locaux de la périphérie vers les espaces adjacents et les sphères urbaines, ou de la capitale vers l’arrière-pays. Au fur et à mesure de leur propagation, la cohabitation de différents groupes ethniques et religieux peut être affectée négativement. De nombreux conflits violents sont encouragés par des acteurs politiques, religieux et ethniques qui mobilisent les identités à la recherche de pouvoir et de gains matériels, y compris les ressources naturelles. Leurs stratégies s’appuient souvent sur des clivages préexistants au sein des sociétés. Pourtant, tous les conflits ne dégénèrent en aucun cas en violence. À l’inverse, divers éléments des mécanismes de régulation des conflits, y compris les dispositifs institutionnels, peuvent avoir des effets négatifs sur l’établissement d’une paix durable, bien que cela puisse changer avec le temps.
Les recherches du centre qui travaillent sur les conflits, la fragilité et la violence mettent l’accent sur les analyses centrées sur les agences et sur l’importance des institutions informelles. Les chercheurs de l’ACCSS examinent les multiples déterminants de la convivialité dans les sociétés divisées et les conséquences et effets des efforts d’aggravation et d’atténuation des conflits, à court et à long terme. Ici, l’accent n’est pas mis sur la « fragilité de l’État », mais sur la fragilité de la cohabitation sociétale dans les régions où l’État est limité; et en particulier sur les questions de savoir comment ce degré de fragilité est affecté par les constellations ethniques / religieuses, les institutions informelles de partage du pouvoir ou les dispositions de sécurité spécifiques. L’ACCSS s’est engagé à effectuer des observations de terrain approfondies, y compris des enquêtes dans un domaine dominé par des études documentaires utilisant des macro-données. Nous visons à contribuer aux débats en cours dans certains pays du Sud en nous appuyant sur des comparaisons longitudinales.