MEFIANCE INSTITUTIONNELLE, CORRUPTION ET GESTION MEDICALE DE LA PANDEMIE DE LA COVID-19 AU CAMEROUN

Investigateur principal : Franck Tiwa, PhD en Criminologie

Financement: ACCSS research fund 2020

Publication des résultats : Décembre 2020

Vous souhaitez soutenir cette recherche ? Contactez-nous à dany.tiwa@accss.net

PRESENTATION DU PROJET

Depuis que la pandémie de la Covid-19 a atteint le Cameroun à la mi-mars, les médias ont signalé plusieurs incidents opposant les proches des victimes de Covid-19 et le personnel médical. En règle générale, les premiers rejettent, y compris par la violence, la conclusion des seconds sur la cause du décès de leur proche, laquelle cause détermine si la famille gardera le cadavre ou si l’État prendra le relais. En plus de ce type d’incidents, de nombreuses rumeurs ont circulé selon lesquelles des personnes auraient été mises en quarantaine dans des formations sanitaires à travers le pays sur de fausses allégations de contaminations par la Covid-19. Ensemble, ces événements révèlent une grave méfiance à l’égard du personnel médical par public camerounais. Cette méfiance comporte des risques pour les individus et la société parce que si les gens croient que les décisions de mise en quarantaine sont arbitraires, ils peuvent retarder leur décision d’aller à l’hôpital jusqu’à ce que la maladie atteigne un stade critique, et ainsi, à la fois mettre en danger leur vie et contaminer d’autres personnes, compromettant ainsi les efforts du pays pour contenir la pandémie Covid-19. La question que cette recherche examine est la suivante : pourquoi certaines personnes croient-elles que les décisions de mise en quarantaine et les conclusions médicales relatives aux causes de décès sont arbitraires ?

Pour commencer, il est important de préciser que la méfiance envers le personnel médical en contexte d’épidémies ou pandémies n’a rien de nouveau. Dans le contexte de la récente épidémie d’Ebola dans certains États d’Afrique centrale et occidentale, la méfiance à l’égard du personnel médical a conduit, entre autres, à des épidémies violentes, à la dissimulation de cas, à des pratiques d’enterrement dangereuses, au refus de signaler les contacts et à la perturbation des cliniques, des enterrements et les soins de santé, etc. Au Cameroun, la pandémie de VIH a déclenché des réactions similaires dans les années 90 et au début des années 2000. Des concepts tels que la « résistance communautaire », le « déni de la maladie » etc. ont été inventés pour saisir certaines des dimensions des réactions des individus et des communautés face aux défis liés à la santé. Des projets explicatifs plus ambitieux ont avancé une thèse évolutionniste, argumentant que la plupart des sociétés ont été témoins de telles formes de désordre à un moment de leur histoire. Cette recherche se concentre sur les accusations de corruption parmi le personnel médical. Plus précisément, il cherche à comprendre pourquoi certains Camerounais perçoivent le personnel médical comme corrompu dans sa réaction face à la pandémie de la Covid-19. Il s’agit d’une question importante à étudier car il existe des preuves que la perception de la corruption a tendance à être supérieure à l’expérience réelle (Krastev 2004), ce qui suggère que les individus et les communautés pourraient résister aux soins de santé sur la base d’un jugement erroné.

Vous souhaitez soutenir cette recherche de quelques manières que ce soit? Contactez-nous à dany.tiwa@accss.net